ISF Bordeaux expérimente l'échange comme mode d'action

Trois étudiants d’ISF Bordeaux sont partis début novembre 2016 au Brésil aux côtés du Mouvement des sans-terre, en collaboration avec Frères des Hommes et l'Université de Bordeaux Montaigne, pour comprendre et échanger autour des problématiques agraires. En voici la genèse et les débuts.
Rassemblement Mouvement des sans-terre
Rassemblement Mouvement des sans-terre
ISF Bordeaux, novembre 2016

Trois étudiants d’Ingénieurs sans frontières Bordeaux, en collaboration avec Frères des Hommes et l'Université de Bordeaux Montaigne, sont actuellement au Brésil aux côtés du mouvement des sans-terre pour comprendre et échanger autour des problématiques agraires, et plus précisément des conséquences sur l’agriculture et la société en général de l’accaparement des terres par de grands propriétaires fonciers.

 

La collaboration a d’abord commencé en France autour d'actions de sensibilisation au sein de lycées de la région Aquitaine et du Réseau Jeune Amérique Latine (RJAL) grâce à l’animation du jeu « Élément Terre mon cher Watson »1. Cet outil d’éducation populaire vise à faire prendre conscience des inégalités dans le système de production agricole et questionner l’appartenance des ressources naturelles et des moyens de production autour d’un jeu de rôles. Des conférences ont également été organisées, ainsi qu’une table-ronde sur le commerce équitable avec la venue de Marc Dufumier, président de la Plateforme Française du Commerce Equitable. En février 2016, s’est tenue une journée de réflexion sur la biodiversité et l’accès au foncier en agriculture au cours de laquelle le groupe a accueilli Jacques Caplat, agronome et ethnologue de renom.

 

À la suite de cela, Frères des Hommes a mis en relation les trois étudiants d’Ingénieurs sans frontières Bordeaux avec le Mouvement des sans-terre – Brésil qui souhaitait accueillir des étudiants en agronomie pour échanger sur les visions politiques de l’agriculture qu'ils adoptent et des problèmes agraires qu’ils rencontrent. Grâce à l’accompagnement conjoint des deux associations, ils pourront donc se confronter à la réalité du terrain durant trois mois pour enrichir leurs réflexions et leur compréhension de la problématique.

 

Ils chercheront à mieux comprendre la réalité brésilienne où près de 50 % des exploitations (de moins de 10 hectares) occupent 2 % des surfaces agricoles, alors que 2 % des exploitations (plus de 500 hectares) occupent 56 % des terres.2 Le Mouvement des sans terre, qui revendique la propriété de la terre « à ceux qui la travaillent » est reconnu comme l’un des mouvements sociaux les plus importants au Brésil par son influence et son ampleur. Il vise à la régulation d’accès à la terre des paysans démunis installés sur des terres de ferme inutilisées ou inoccupées, mais aussi plus largement à poser les bases d’une société nouvelle en généralisant l’éducation des enfants, l’alphabétisation des adultes, en se souciant de la protection de l’environnement autour de pratiques agro-écologiques. Le projet s’est construit autour d’échanges avec différents acteurs (producteurs, ingénieurs agronomes, militants...) et de visites (coopératives et centres de formation) avec plusieurs objectifs :

  • Aborder les enjeux de l’agriculture brésilienne et mieux comprendre le rôle, l’influence et la perception que se font les Brésiliens du Mouvement des sans-terre.
  • Favoriser la capitalisation et le partage des connaissances entre différentes coopératives et régions.
  • Confronter les enjeux agricoles et le rôle de l’agronome entre la France et le Brésil.

 

Ce projet propose donc de dépasser le simple apport d’expertise technique en le liant fortement aux enjeux sociaux et humains. Il fait la promotion d’un échange réciproque entre les parties prenantes et d’une approche mettant en mouvement une pluralité de partenaires qui dure depuis presque trois ans. Si le projet à l’international peut nourrir les actions d'éducation au développement au retour de mission, ce projet prouvera peut-être que l’inverse n’en est pas moins vrai.

 

15 mars 2017
Jérémy Billon
Groupe ISF