Prendre le Virage

Basculer. Pour moi, c’est changer de paradigme.
Itinénéraire final du parcours à vélo
Antoine Schereffer

Changer de paradigme, c’est une action complexe, longue et fastidieuse qui en plus de demander d’y réfléchir sérieusement nécessite d’avoir des certitudes. Et, ces certitudes, pour moi, sont plus fortes quand elles viennent de l’expérience. 

Alors j’ai pris mon vélo. Et je suis parti. En quête de ces convictions qui forgent une opinion solide.

Une opinion sur quoi ? Sur notre rapport à l’énergie. Sur la façon dont nous la percevons, la consommons, la produisons. L’énergie est partout, omniprésente et invisible. On la dépense sans y penser, appuyer sur un interrupteur, avoir de la lumière, de l’eau chaude, vivre dans un confort relatif… C’est facile. Mais à quel prix ? Et pour combien de temps encore ?

Et surtout, est-ce que toute cette énergie consommée améliore vraiment notre qualité de vie ?

Voilà la question qui m’a poussé à pédaler. Avec une problématique en ligne de mire : peut-on imaginer un monde où l’énergie serait pensée autrement ?

Un monde où chacun reprendrait la main sur sa consommation, pour construire un avenir plus intéressant, dans lequel nos actions seront pensées pour équilibrer notre vie et notre impact sur le vivant et l’environnement.
 

Basculer, changer de paradigme, ça ne se fait pas seul⋅e.

On a besoin de tous⋅tes, de l’élan des plus jeunes et de l’expérience des plus ancien⋅nes.

Pour transmettre cette expérience, j’ai voulu m’adresser aux plus jeunes, du CM2 à la terminale. Principalement en Lorraine, là où j’ai grandi, et à Toulouse, où j’ai étudié. Grâce à des enseignant⋅es passionné⋅es, j’ai pu échanger avec eux lors de conférences, construire des projets en équipe autour de l'énergie, et les inviter à passer à l'action.

Et puis, il y a eu l’aventure. Cinq mois de voyage à vélo, à travers la France, le Portugal, l’Espagne et l’Italie, à galérer, à partager, à découvrir, à souffrir et à sourire. À la rencontre d’acteurs de la transition énergétique : associations, communautés, entreprises sociales et solidaires, et parfois de simples inconnu·es croisé·es sur la route. Tous⋅tes réinventent, chacun⋅es à leur manière, notre rapport à l’énergie. Iels m’ont confié leur vision, leurs expériences. Et, pour que rien ne se perde, je les ai interviewés. Au menu de ces rencontres ? Des restaurants, des parcs d’attractions, des habitats au cœur de la nature… et de l’inspiration.

Un documentaire en cours de réalisation

De ces rencontres, je suis en train de réaliser un film-documentaire, qui tente de répondre à toutes ces questions et qui permette de mettre en lumière le chemin parcouru, l’évolution de la pensée et les enseignements du voyage.

Cela fait maintenant deux ans que je travaille sur ce projet. J’ai reçu l’aide de nombreux acteur⋅ices, notamment d'Ingénieurs Sans Frontières, et je leur en suis profondément reconnaissant. Je suis convaincu de la nécessité de redéfinir nos imaginaires collectifs pour lutter contre l’endormissement face aux enjeux environnementaux. Je crois que notre action, en tant qu’ingénieur·e, ne peut plus – et ne doit plus – être seulement technique. Elle doit aussi être politique.

À travers nos activités, nous devons faire face à la montée en puissance d’entreprises climaticides, dont les actions ne contribuent ni à améliorer la qualité de vie en société, ni à construire un avenir plus soutenable.

J’espère du plus profond de moi que ce film vous donnera envie de regarder l’énergie – et peut-être le monde – autrement.
 

19 juin 2025
Antoine Schereffer
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Groupe ISF