Pour un enseignement supérieur gratuit : Ingé·e·s Sans Frais se mobilise
La hausse des frais d’inscription s’installe progressivement dans les écoles d’ingénieur·es, accélérant la libéralisation de l’enseignement supérieur et fragilisant l’accès aux études. Face à cette offensive généralisée, le collectif Ingé·es Sans Frais se mobilise pour défendre un modèle public, gratuit et émancipateur.
Comme un disque rayé dont on commence à connaître la petite musique, la libéralisation de l'ESR continue d'être mise en œuvre par les gouvernements successifs. Depuis 20 ans, la quasi-gratuité de l'enseignement supérieur est attaquée. Déjà, l'ensemble des écoles d'ingénieur·es sous la tutelle du ministère de l'Agriculture, de la Défense, du Commerce et de l'Industrie ont vu leurs frais s'élever à plusieurs milliers d'euros. Après le plan Bienvenue en France – qui concernait les étudiant·es étranger·ères dans tous les établissements – et les nombreuses hausses de frais d'inscription dans les écoles d’ingénieur·es publiques du ministère de l'Industrie (écoles Centrale par exemple). La majorité des écoles d'ingénieur·es sous la tutelle du ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche ont des frais autour de 620€ par an.
@ingees_sans_frais
Sous pression budgétaire (mise en place par l'État), les directions d’écoles reprennent l’initiative et prennent de nombreuses positions en faveur d'une augmentation des frais. Jusqu’ici, les droits d’inscription étaient établis par un arrêté gouvernemental ; les directions d’établissement, structurées au sein de la CDEFI veulent faire valoir un arrêté du Conseil d’État de 2020 qui indique que l'État ne serait pas habilité à fixer les prix pour les formations d'ingénieur·es. Deux scénarios majoritaires se dessinent : Le premier est un même montant de frais d'inscription, élevé, pour tous·tes. Le second est un système de frais différenciés selon le revenu des parents. La rhétorique est connue : la hausse des frais d’inscription augmenterait les ressources propres des établissements et d'effectuer de la redistribution sociale au sein même des écoles entre les élèves les plus aisés et les élèves les plus modestes (exonérés de droits d’inscription, voire aidés au-delà des bourses CROUS). Concrètement, on est dans les deux cas sur une augmentation substantielle des montants directement prélevés aux étudiant·es.
Début octobre, Centrale Nantes change de système de frais pour un système de frais différenciés. Les universités de Technologie de Troyes et Compiègne évoquent le sujet depuis plusieurs mois. Il a été mentionné à leur CA respectif du 16 octobre sans passer au vote. Le sujet sera traité au CA de l'INP Grenoble le 11 décembre et aux Arts et Métiers le 19 décembre. De nombreuses autres écoles sont également en cours d'augmentation mais n'ont pas été identifiées. Les conséquences directes de ces mesures sont la mise en place d'un système d'endettement étudiant, une moindre lisibilité dans l'offre de formation, une mise en compétition des écoles pour avoir les étudiant·es pouvant financer leurs écoles, une mise en compétition des écoles publiques avec les écoles privées. L'ensemble de ces points convergent vers un affaiblissement notable de l'enseignement supérieur. Nous avons déjà pu observer les conséquences de ce genre de mesures à l’international (USA, UK) ou encore dans certains établissements français (SciencesPo, Université Paris-Dauphine...). Voici comment le désengagement budgétaire initial de l'État, après avoir entraîné une mise sous pression des personnels administratifs et des enseignant·es par le non-renouvellement des postes, la dégradation du service public et enfin la hausse des droits d’inscription, aboutit à des frais financiers supplémentaires pour l’État.
C'est dans ce contexte que le collectif Ingé·e·s Sans Frais s'est constitué pour faire face à cette menace qui se concrétise dans nos écoles. Une fois que nos écoles, considérées comme plus dociles, auront fait adopter de telles mesures, l'université devra suivre. C’est ensemble que nous pouvons y résister. Le collectif revendique un enseignement supérieur libre, gratuit et émancipateur pour toutes et tous, ainsi qu’une répartition plus juste des richesses au niveau de l’enseignement supérieur par un impôt global et le versement d’un salaire étudiant pour que chacune et chacun n’ait pas à dépendre de sa famille ou de ses créanciers !

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