A la découverte de la filière thé sri lankaise

Nous sommes Romane, Léa et Matthieu ; trois élèves ingénieur·es agronomes membres d’Ingénieurs Sans Frontières Bordeaux. Passionné·es par l’agriculture familiale et les nombreux enjeux sociaux des filières agricoles internationales, nous avons décidé de mener un projet autour du commerce équitable et de ses impacts sur les producteur·rices.
Une cueilleuse de thé sri lankaise
Léa Pétry - Equi'thé Sri Lanka

Nous sommes donc parti·es plus de deux mois au Sri Lanka à la rencontre des différent·es acteur·rices de la filière thé équitable du pays afin d’observer les impacts du commerce équitable auprès des communautés locales. Le commerce équitable a pour but de garantir des conditions de travail et une rémunération juste à tous·tes les travailleur·euses et producteur·rices situé·es en amont de la chaîne de valeur (1). Par ailleurs, l’objectif du commerce équitable est également de redistribuer la valeur au sein de la filière avec des producteur·rices du « Sud » écrasé·es par les entreprises de transformation et de commercialisation au « Nord » dans le commerce traditionnel (cacao, café ...).

De fil en aiguille, nous nous sommes focalisé·es sur la filière du thé, boisson la plus consommée au monde avec un commerce international très développé. Effectivement, les bassins de production se trouvent essentiellement en Asie du Sud et de l’Est (Chine, Inde, Sri Lanka ...) et en Afrique de l’Est (Kenya ...). Les plus grands importateurs mondiaux quant à eux sont plutôt les pays occidentaux, le Moyen-Orient et la Russie. De ce fait, la forte production de thé dans les pays en développement en fait un sujet intéressant à la fois d’un point de vue agronomique mais aussi au niveau du développement des communautés locales.

Comme terrain d’étude, nous avons choisi le Sri Lanka car c’est à la fois l’un des plus gros producteurs mondiaux de thé et un pays où la petite agriculture est encore très présente. C’est à partir de ces constats qu’est née l’idée du projet Equi’thé Sri Lanka. L’objectif final de ce projet est de pouvoir sensibiliser le jeune public français aux enjeux sociaux de ces filières internationales et de l’apport du commerce équitable pour les acteur·rices locaux·ales.

Durant plus de deux mois, nous avons sillonné l’île à la rencontre des différent·es acteur·rices de la filière thé et du commerce équitable pour recueillir divers témoignages (chercheur·euses, producteur·rices, coopératives, associations, réseau Fairtrade International, ministère, usine de transformation, étudiant·es ...). Finalement, il nous semble important de résumer très brièvement les réponses qui ont été apportées lors de cette phase d’entretiens : Le commerce équitable permet-il d’améliorer les conditions de vie des producteur·rices de thé ?

Le projet Equi’thé a permis de mettre en lumière deux apports précieux du commerce équitable pour les petit·es producteur·rices de thé. Le premier est une stabilité des revenus permise par le revenu minimum garanti. Les producteur·rices ont ainsi une entrée d’argent sécurisée pour leurs familles et peuvent également se projeter à plus long terme, ce qui leur permet entre autre, d’investir pour améliorer leurs conditions de vie. Le deuxième fort avantage de la filière équitable est qu’elle permet aux producteur·rices de se regrouper en coopératives. Cette organisation leur donne ainsi plus de poids au sein de la chaîne de valeur. De plus, par le biais de ces coopératives, le commerce équitable finance des projets qui permettent de soutenir ces communautés (matériel, plants, infrastructures, écoles, infirmeries, éducation à l’égalité homme-femme...). Bien que financés, en partie, par le commerce équitable, ces projets se construisent au sein de la coopérative de manière démocratique. Chaque adhérent·e peut proposer ses idées à travers ce système, favorisant ainsi l’émancipation des producteur·rices.

La prochaine étape du projet est à présent de transmettre ces résultats à travers des ateliers de sensibilisation à destination des étudiant·es et lycéen·nes français·es principalement. Nous avons travaillé à la création d’un atelier d’éducation populaire accompagné de courtes vidéos résumant les grandes idées qui sont ressorties des entretiens. Cela nous permet d’illustrer nos propos par des témoignages. En parallèle, nous préparons une exposition photographique pour raconter notre projet d’une autre manière. Rendez-vous sur notre page Facebook “Equi’thé Sri Lanka” pour en savoir plus sur notre projet ainsi que les dates de nos prochains ateliers.


1. Une chaîne de valeur, ou filière, peut être définie comme un ensemble de produits (biens ou services) et de producteurs·rices concourant à la desserte d’un marché. Ici, il s’agit de l’ensemble des acteurs·rices allant de la production du thé dans les champs du Sri Lanka aux magasins en France vendant du thé dans leurs rayons.
On peut ainsi évoquer les coopératives qui récoltent les feuilles de thé pour les vendre aux usines de transformation qui, à leur tour, produisent le thé. Ensuite, le thé passe par une entreprise exportatrice ou encore un·e négociant·e pour arriver en France.

 

6 janvier 2021
Romane Mondor, Léa Pétry , Matthieu Moran
Groupe ISF