G20 : Ne jouez pas avec notre nourriture !

Les 22 et 23 juin prochain se tient à Paris un G20 qui réunira les ministres de l’agriculture des 20 pays invités. Cette réunion provoque un certain nombre de réactions dans la société civile. Max Havelaar France a ainsi écrit une lettre ouverte aux participants. Une pétition a été lancée par Artisans du Monde, ATTAC, la Confédération paysanne et Peuples Solidaires / ActionAid.
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Ingénieurs sans frontière soutient cette pétition et vous engage à la signer. La pétition se double d’un pique nique et d'une manifestation le 22 juin à midi au Jardin des tuileries.

Rappelons qu’à la suite des accords du GATT et de l’OMC dans les années 90, la libéralisation des marchés agricoles a fortement fragilisé l’agriculture familiale dans le monde et bouleversé les équilibres alimentaires, en permettant une spéculation accrue sur les produits alimentaires de bases. Or, aujourd’hui, l’agriculture familiale garantit une alimentation mondiale accessible à tous avec un impact environnemental minime. C’est notamment ce que rappelle la charte des 50 ans du CFSI dont nous vous avons parlé en début d’année.

Aujourd’hui, rappellent les lanceurs de la pétition (télécharger ci-dessous), les 20 pays qui prétendent répondre aux problèmes de l’agriculture ont sur les 20 dernière années :

- démantelé les politiques agricoles  nationales et  régionales (la Politique Agricole Commune, PAC, par exemple) au nom du dogme du  "libre" commerce ;

- diminué les financements destinés à l’agriculture paysanne et familiale;

- favorisé la spéculation financière sur les produits agricoles, source d'une instabilité  des  prix  très  défavorable  aux agriculteurs   et  aux  consommateurs pauvres;

- laissé libre cours aux accaparements de terres  par des entreprises et des gouvernements,  qui   entraînent  des  déplacements  de  populations  et  privent   les communautés rurales de la terre qui constitue leur seule source de nourriture;

- favorisé le développement d’agrocarburants industriels, qui contribuent à l’augmentation du prix des produits agricoles avec des conséquences désastreuses sur l’environnement ;

- ils n’ont pas réglementé les entreprises opérant à l’étranger, dont les activités occasionnent  souvent des violations des droits des populations locales, notamment le droit à la terre, à un environnement sain, et le droit à l’alimentation.

 

De plus, au-delà de la légitimité douteuse de ces 20 pays à résoudre seuls les problèmes du monde, se pose la question de leur capacité à le faire. En effet, ce sont les mêmes qui prétendent avoir éradiqué les paradis fiscaux et le secret bancaire.

 

Sans être naïve quant aux intentions de nos dirigeants, la pétition leur demande néanmoins de favoriser des politiques, des modes de production et de consommation durables et équitables qui permettent aux États d'assurer leur souveraineté alimentaire et le droit à  l'alimentation de leur population. Ces politiques doivent :

- soutenir et protéger l’agriculture paysanne et familiale respectueuse de l’environnement, en Europe et dans les pays du Sud ;
- prendre en compte les besoins spécifiques des paysannes, nombreuses dans les pays du Sud ;
- rétablir  des  mécanismes  publics de  stockage,  de  stabilisation des  prix et  de maîtrise de l'offre aux niveaux national et régional, favorisant les exploitations paysannes et familiales  et   garantissant   un   revenu   stable   aux   agriculteurs   et   des   prix   raisonnables   aux consommateurs ;
- s’attaquer à la spéculation sur les produits agricoles ;
- arrêter les accaparements de terre et le soutien massif aux agrocarburants ;
- renforcer,   réformer  et  démocratiser   les  Nations  unies,  afin qu'elles  deviennent   l'instance principale de décision de ces régulations mondiales, fondées sur la souveraineté alimentaire, la coopération et la solidarité.

 

De son coté, Max Havelaar France, fort de 20 ans d’implication dans le commerce équitable labellisé, appelle dans une lettre ouverte (télécharger ci-dessous) ces mêmes dirigeants à s’inspirer de l’exemple du commerce équitable pour réguler le commerce mondial des denrées alimentaires.

Pour un commerce basé sur le développement d’initiatives collectives et le partenariat plutôt que sur la compétition ! Un commerce qui favorise la justice économique et social plutôt que les dumpings ! Un commerce qui bénéficie aux populations et à l’environnement plutôt qu’aux seuls spéculateurs !

 

22 juin 2011
Tanguy Martin
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