Accompagner la décentralisation de la gestion de l’eau au Cameroun

ISF Strasbourg est engagé depuis 2005 dans le projet GEMI(1), dont l’objectif est d’améliorer l’accès à l’eau potable et à l’assainissement pour les usagers de neuf communes rurales du Cameroun. Voici le témoignage de Marine Thiébault-Marot, partie six mois sur le terrain.
Eau potable
Mudman

Depuis la loi de décentralisation de 2004, la gestion de l’eau potable et de l’assainissement relève de la compétence des communes camerounaises. Or les moyens techniques et financiers n’ont pas forcément été mis à disposition des communes par l’État. Dès lors, il leur est difficile de mettre en œuvre une politique sanitaire cohérente. Fruit de la coopération décentralisée entre élus locaux français et camerounais, l’idée d’un regroupement de communes a vu progressivement le jour. Ainsi, les maires de neuf communes du département du Mbam et Inoubou dans le centre du Cameroun – regroupant environ 200 000 habitants pour quelque 400 points d’eau – ont eu l’idée de s’associer pour mener cette mission de service public.

L’équipe GEMI, sur place à Bafia, est chargée d’accompagner cette démarche au niveau technique, économique et social. Elle a pour cela l’appui de l’IRCOD Alsace(2), porteur du projet, et le SDEA(3), collaborateur sur le plan technique autant que sociopolitique. Elle est constituée d’une chef de projet, d’une ingénieure, d’une assistante administrative, d’un chauffeur et de quatre animateurs sociaux chargés des relations avec les usagers.

En tant que membre d’ISF Strasbourg et récemment diplômée de l’ENGEES(4), deux partenaires du projet, j’ai prêté main-forte à la cellule technique GEMI durant six mois. Mes tâches étaient diverses : maîtrise d’œuvre pour des travaux de construction ou de réhabilitation d’ouvrages d’alimentation en eau potable et de latrines améliorées, contrôle de la qualité de l’eau, exploitation d’un système d’information géographique ou encore mise en place d’un stock de pièces détachées.

Les principales difficultés rencontrées ont été les coupures d’électricité et les temps de déplacement largement rallongés par le mauvais état des pistes en brousse, d’autant plus à la saison des pluies. Au Cameroun, le fait d’être une femme a plutôt été un avantage car c’est traditionnellement aux femmes que revient la lourde tâche d’approvisionner en eau les ménages. Par ailleurs, il a été observé que les comités de gestion des points d’eau dirigés par des femmes fonctionnaient mieux  –  les hommes le reconnaissant souvent volontiers !

Les usagers doivent payer 500 FCFA (0,75 €) par mois et par ménage pour avoir accès à ce service, tarif défini suite à une enquête menée pour évaluer le consentement à payer. Le SYCOMI, syndicat des communes du Mbam et Inoubou créé en novembre 2010, aura dès 2012 la pleine responsabilité de l’administration de ce véritable service public de l’eau. Le choix de l’intercommunalité est judicieux et novateur au Cameroun. Espérons que le syndicat sache se doter de personnes compétentes pour parvenir à ses fins car, comme je l’ai souvent entendu là-bas : « L’eau, c’est la vie ! »  .

1. Gouvernance de l’eau dans le Mbam et Inoubou.
2. Institut régional de coopération-développement.
3. Syndicat des eaux et de l’assainissement du Bas-Rhin.
4. École Nationale du Génie de l’Eau et de l’Environnement de Strasbourg.

12 janvier 2012
Témoignage de Marine Thiébault-Marot
Thématique 
Groupe ISF