Retour sur l'échec de Copenhague

Le sommet de Copenhague, qui a réuni 192 délégations du monde entier, s’est achevé après 10 jours de négociations, de revendications et de manifestations... pour finalement une grande désillusion !
Manifestation internationale à Copenhague
Manifestation internationale à Copenhague
Photo Thomas Champigny - cc
Pour mémoire, les enjeux étaient les suivants :
- Réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) de 25 à 40% d’ici 2020 pour contenir le réchauffement climatique sous les 2°C et ainsi éviter un dérèglement climatique de grande ampleur qui pourrait se traduire par des catastrophes naturelles à la chaîne : inondations, désertifications, sécheresses. Ces catastrophes engendreraient notamment des migrations massives, des conflits et des crises humanitaires.
- Mettre en place des processus de solidarité avec les pays en voie de développement qui subissent déjà les premiers effets du dérèglement climatique - sans pourtant y avoir contribué - et ainsi leur permettre d’avoir les moyens financiers et techniques pour préparer l’avenir.

La ligne rouge est bien tracée mais nous sommes incapables de changer de cap


Face à cela, l’accord finalement trouvé n’apporte rien de nouveaux puisqu’il ne repose que sur le principe de limitation du réchauffement à 2°C, déjà admis par les politiques lors de la signature du rapport de synthèse du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) sans nous expliquer quelle route prendre.

L'échec de Copenhague s'explique par la volonté des pays de défendre avant tout leurs propres intérêts économiques. On peut citer, en tête, les pays producteurs de pétrole, les pays profitant soi-disant du réchauffement climatique - tels que le Canada, dont le premier ministre s’est réjouit du résultat - puis les États-Unis et la Chine, responsables à eux seuls de 40% des émissions actuelles de GES. L’Europe n’a semblé ne pouvoir être qu’un faire valoir.

L'enjeu de sobriété énergétique


Il est sûrement difficile aujourd’hui de déterminer quelle est la part du dérèglement climatique actuel due à l’activité humaine de celle due à des phénomènes naturels tels que le cycle solaire. Cependant, le CO2 et autres gaz à effet de serre sont bel et bien en augmentation dans l’atmosphère et la proportion dont nous sommes responsables n'a jamais été aussi grande. Et leurs propriétés physiques sont bien réelles : on peut certes douter des modèles mathématiques sur les conséquences du dérèglement climatique, mais on ne peut plus remettre en question l’action des GES sur notre atmosphère.

De plus, les discussions sur le climat ne doivent pas nous faire oublier l'enjeu des ressources énergétiques et matières premières, qui ne sont pas infinies. Si la crise économique a engendré une baisse de la consommation mondiale, et réduit la demande énergétique, cela reste conjoncturel. Les pays émergents souhaitent accéder à la même qualité de vie que les occidentaux, et le gâteau ne sera jamais assez grand.... Des tensions sur l’accès aux ressources naturelles sont à envisager dès la crise passée, ce qui se traduira sûrement par une augmentation du prix de ces ressources dont en premier lieu le pétrole. Ce n’est donc pas seulement les incertitudes climatiques qui doivent nous pousser vers la sobriété, mais aussi les enjeux économiques de demain.

Par le passé, la société civile a souvent été à l’origine de profonds changements. Il semblerait encore une fois que ce soit à elle de se mobiliser. Les gouvernements finiront peut-être par suivre, s’il n’est pas trop tard !.
10 février 2010
Guillaume Nourrit, président de la fédération ISF
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