Retour sur le week-end de formation AGIL et RETOUR 2025
Retour sur le week-end AGIL – RETOUR 2025 : deux jours pour penser et pratiquer la solidarité, ici et là-bas
Les 15 et 16 novembre 2025, le groupe local de Toulouse a accueilli un temps fort de la fédération : les formations AGIL et RETOUR 2025, rassemblant 34 participant·es, 8 animateur·ices et des membres de 8 groupes locaux venus d’Angers, Paris 19, Toulouse, Montpellier, Vaux-en-Velin, Bordeaux, Tours et Rennes.
Deux jours pour se former, échanger, prendre du recul et construire ensemble une solidarité internationale ancrée dans l’éducation populaire et les réalités de terrain.
Deux formations complémentaires pour penser l’action internationale :
- AGIL (Agir Ici et Là-Bas)
Cette formation s’adresse aux bénévoles qui souhaitent se préparer à un projet international et comprendre les enjeux de solidarité internationale. Tout au long du week-end, les participant·es ont pu découvrir des outils d’animation, de sensibilisation et de travail en coopération, tout en développant une posture réflexive.
AGIL permet de questionner les motivations, déconstruire les représentations, et penser l’action collective au-delà du "départ", pour inscrire la solidarité dans la durée.
- RETOUR (Analyser et valoriser son expérience de terrain)
En parallèle, la formation RETOUR réunit les membres revenant d’un projet à l’international. Elle vise à : prendre du recul sur leur mission, partager leurs pratiques et difficultés, réfléchir à la restitution et à la valorisation de leur projet et à formuler des recommandations pour la fédération.
Ces deux formations, distinctes mais complémentaires, sont une force pour la dynamique collective d’ISF : l’expérience des un·es nourrit les apprentissages des autres, et inversement !
Des ateliers d'éducation populaire pour questionner, expérimenter et se préparer à agir (ici et là-bas)
Tout au long du week-end, les participant·es ont expérimenté une diversité d’animations issues de l’éducation populaire :
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Jeux de rôle autour des enjeux de solidarité internationale,
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Étude de cas du village de Sandia : un atelier sur la filière du café au Pérou pour découvrir les bases du commerce équitable
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Flags du volontourisme pour identifier les dérives du départ « humanitaire » mal préparé,
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Escape game autour des présupposés et des imaginaires de la solidarité,
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Ateliers pratiques sur le partenariat, la posture, la conduite de projet, la trésorerie etc...
Ces activités ont permis à chacun·e d’explorer les dilemmes, les tensions, les zones d’incertitude propres à la solidarité internationale, et d’y apporter des réponses collectives.
Dans une ambiance conviviale, ce week-end a également laissé place à des moments plus informels : de belles discussion pendant les repas végétariens concoctés par le groupe local de Toulouse et des débats spontanés autour d'un verre le samedi soir.
Temps fort du week-end : la rencontre AGIL × RETOUR
Le moment central du samedi a réuni les deux formations pour un temps commun de discussion.
Dans une salle attentive et bienveillante, les participant·es de RETOUR ont présenté leurs projets menés à l’international et leurs apprentissages : l'occasion pour les participant·es d’AGIL pour poser toutes leurs questions.
Cette rencontre a permis de
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rendre visibles les complexités du terrain,
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montrer la diversité des projets internationaux accompagnés par d’ISF,
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nourrir des imaginaires plus justes du partenariat,
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rappeler que la solidarité internationale ne s’improvise pas : elle se construit collectivement.
Plusieurs projets soutenus par le FAICS ont été présentés. Voici un aperçu de leurs richesses.
Zoom sur les projets présentés par les participant·es de RETOUR
1. Femmes des Terres : Une exploration documentaire des agricultures au féminin
6 étudiant·es, GL de Montpellier (Aïnhoa Saint-Georges, Bleuenn Le Baill, Edgar Baoua-Dedrich, Emma Blandin, Pyrène Van Den Steendam et Soizic Baumard)
« Femmes des Terres » est un documentaire réalisé par six étudiant·es de l’Institut Agro Montpellier, en formation d’ingénieur en agronomie et actuellement en année de césure (2024-2025).
Il explore la place des femmes dans l’agriculture en France, en Bolivie, en Inde et au Togo. À travers des portraits, des récits et des immersions, il révèle leurs pratiques, leurs savoirs et l’importance de leur contribution aux systèmes alimentaires, encore trop souvent passés sous silence.
Le film propose une lecture transnationale de leurs expériences pour nourrir les débats sur la souveraineté alimentaire et le genre. Il met en évidence la puissance de l’organisation collective entre femmes : un levier qui renforce leurs luttes, soutient leur autonomie et crée de véritables espaces d’entraide.
En suivant ces trajectoires, le documentaire invite les spectateur·ice·s à découvrir le quotidien de femmes engagées, leurs défis et l’énergie qu’elles puisent dans les collectifs auxquels elles participent. Ces formes d’organisation, diverses mais animées par une même volonté de transformation, font résonner un appel commun qui traverse les frontières.
2. Visionères : Histoires d'initiatives agricoles au Togo et au Sénégal
Lucie Massiet, GL de Bordeaux
Visionères est un projet de solidarité internationale porté par Lucie Massiet, élève-ingénieure à Bordeaux Sciences Agro et membre d’Ingénieurs Sans Frontières Bordeaux. Né en 2023, il explore les dynamiques agricoles, économiques et historiques d’Afrique de l’Ouest et de France à travers un podcast, des expositions immersives et des rencontres de terrain.
En récoltant 40 entretiens au Sénégal et au Togo (agriculteur·ices, chercheur·euses, ONG, coopératives, groupements de femmes ou jeunes formés à l’agriculture), Visionères met en lumière des pratiques et réalités liées à l’agroécologie, la souveraineté alimentaire, la privatisation des semences, l’accès au foncier, le rôle des femmes, l’impact du climat ou encore l’héritage colonial.
Le projet cherche à promouvoir des pratiques agricoles durables, transmettre des savoirs locaux et favoriser un dialogue interculturel entre agricultures ouest-africaines et françaises. Par ses immersions en ferme, ses enregistrements et ses temps d’échanges, Visionères crée un espace de transmission et de réflexion où se croisent défis, initiatives et visions du monde rural.
Les actions de valorisation (expositions photo-sonores, ateliers-débats, jeu d’éducation populaire Qui cultive quoi ?, diffusion du podcast avec Radio Campus) prolongent cette dynamique en rendant ces témoignages accessibles et en ouvrant la discussion sur les enjeux agricoles contemporains.
3. Edusoltech : Ateliers low-tech et documentaire en Uruguay
Fanny Chabbert et Flavia Dunte, GL de Tours
Edusoltech est un projet de césure mené par Fanny et Flavia, étudiantes à Polytech Tours et membres d’Ingénieur·e·s Sans Frontières. Inspiré de la démarche low-tech, il explore comment des solutions simples et durables peuvent être intégrées à l’éducation. Pendant trois mois, elles se sont immergées à l’Escuela Sustentable de Jaureguiberry en Uruguay, une école publique « durable » construite en matériaux de récupération et ancrée dans une pédagogie participative.
Elles y ont animé des ateliers sur l’eau, l’énergie, les déchets et la biodiversité, mêlant théorie et pratique. Les élèves ont fabriqué des jeux en bois, du papier recyclé, des savons, un four solaire et une marmite norvégienne, découvrant les principes low-tech à partir de ressources locales. Parallèlement, des interviews avec enseignantes, parents et habitant·e·s leur ont permis d’évaluer l’impact de cette école durable sur le village et sur les apprentissages.
Aujourd’hui, la phase de valorisation se poursuit à travers un documentaire, un livret sur l’éducation et la transition écologique, et la diffusion de fiches ateliers. L’objectif : partager cette expérience et encourager d’autres communautés à s’emparer des pratiques low-tech dans l’éducation et le quotidien.
4. VIRAGE : Un documentaire sur la transition énergétique
Antoine Schereffer, GL de Toulouse
Virage est un projet mené par Antoine, membre du groupe local ISF Toulouse, qui a parcouru l’Europe à vélo pendant 5 mois (d’avril à août 2024) à travers la France, l’Espagne et l’Italie.
Son objectif : aller à la rencontre d’acteur·ices de la société civile engagés dans une transition énergétique cohérente avec les limites planétaires. Au fil de son itinérance, il a rencontré des collectifs, associations, ingénieur·es, coopératives, chercheurs et chercheuses qui expérimentent, chacun à leur échelle, des alternatives au modèle énergétique dominant.
À partir de ces échanges, Antoine réalise actuellement un documentaire destiné à mettre en lumière ces initiatives inspirantes, interroger notre manière de produire et consommer l’énergie et à contribuer à l’écriture d’un nouveau récit énergétique, plus sobre, plus juste et plus démocratique.
Un projet qui s’inscrit pleinement dans les valeurs d’ISF : comprendre, documenter et rendre visibles les alternatives techniques et sociales qui ouvrent des voies vers une transition réellement soutenable.
5. Photo-documentaire en Zambie : Conflits éleveurs & faune sauvage en bordure du parc de Kafue
Éléonore Castro Castejon, GL de Bordeaux
Porté par Éléonore, étudiante ingénieure agronome, ce projet est né d’un stage auprès de l’ONG Melindika, implantée auprès des communautés Ila et Tonga en Zambie.
Pendant deux mois, elle a enquêté sur les attaques de hyènes contre les chèvres, l’évaluation d’un programme d’enclos renforcés contre les lions, les perceptions locales de la faune sauvage et les impacts économiques et culturels de ces conflits.
Elle a réalisé plusieurs dizaines de portraits à l'argentique (scènes de vie et paysages, capturant la réalité quotidienne d’éleveurs confrontés à des prédateurs protégés) réalité bien différente des représentations occidentales de la faune africaine.
L’ICS prévoit la création d’un magazine photographique en français et en anglais, des expositions, et plusieurs ateliers d’éducation populaire pour ouvrir le débat sur la cohabitation humains–faune sauvage.
Une dynamique collective essentielle pour la fédération
Ce week-end a rappelé l’importance d’espaces de formation qui permettent de préparer des départs responsables, de prendre du recul sur les pratiques de solidarité, d’encourager l’échange entre groupes locaux, de découvrir la richesse des projets soutenus par le FAICS et de renforcer le réseau ISF en reliant les expériences.
Entre discussions , ateliers créatifs, retours de terrain et moments conviviaux, AGIL – RETOUR 2025 a démontré, une nouvelle fois, que la solidarité internationale ne se résume pas à l’ingénierie : elle est avant tout une posture, un processus collectif, un engagement réflexif et sensible !

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