Plus de justice dans les filières agricoles !

La Plateforme Française pour le Commerce Équitable (PFCE) et le Fairtrade Advocacy Office (FTAO) présentent une étude sur les rapports de force au sein des filières de production agricole réalisée par le Bureau d'analyse sociétale pour une information citoyenne (BASIC) dénommée : « Qui a le pouvoir ? ».
Représentation des filières agricoles en forme de sablier
Représentation des filières agricoles en forme de sablier
Basic

Les membres d'Ingénieurs sans frontières habitués des ateliers d'éducation au développement sur l'agriculture connaissent bien la représentation des filières de production en sablier. L'idée est simple : il y a beaucoup de producteurs et beaucoup de consommateurs et peu d'acteurs intermédiaires ; ce rapport de force numéraire ne favorise pas l'équité économique. C'est cette représentation qui est au centre du rapport « Qui a le pouvoir ? » commandé par la Plateforme Française pour le Commerce Équitable (PFCE) et le Fairtrade Advocacy Office (FTAO), réalisée par le Bureau d'analyse sociétale pour une information citoyenne (BASIC).

 

En agrégeant diverses études, ce rapport apporte une vision précise et chiffrée au discours qualitatif que nous tenons sur ces inégalités au sein des filières agricoles. Commençons par dire que les paysans représentent 1/3 de la population mondiale et que 70% d'entre eux souffrent de faim. L'année internationale de l'Agriculture Familiale en 2014 a permis de vulgariser largement cette triste information. En face de cette réalité, de plus en plus de consommateur dans les pays du Nord voient leur pouvoir d'achat baisser et n'ont plus d'autre choix que de rechercher les prix les plus bas dans leur alimentation, sans considération sur les conditions de production.

 

Le rapport nous informe : "Bien que les filières agricoles restent rentables lorsqu’on les regarde dans leur globalité, les bénéfices sont captés par les acteurs qui disposent des moyens les plus importants (financiers, logistiques...) et l'écart entre les prix payés à la production et les prix au consommateur n’a jamais été aussi important. Dans le même temps, on observe une dégradation des termes de l'échange et des conditions de travail pour les producteurs de matières premières. Les agriculteurs familiaux sont de plus en plus exclus des marchés mondiaux et la multiplication des problèmes environnementaux questionne la pérennité de la production de certaines denrées alimentaires."

 

Ainsi la concentration des acteurs intermédiaires des filières, exportateurs et importateurs, transformateurs, grossistes, distributeurs induit très largement des effets négatifs ; entre autres emplois précaires, exode rural, niveau de vie non durable, déforestation, érosion des sols, perte de biodiversité. Le rapport précise bien que ces problèmes ne sont pas le fruit du hasard, mais les conséquences d'un système entretenu par et pour l'intérêt d'une minorité d'acteurs qui en profitent d'une manière inique. Ainsi, pour lutter contre ces inégalités et les impacts négatifs qui y sont associés, le rapport préconise un changement radical dans l'organisation du commerce mondial, notamment en commençant par chez nous en Europe, par "une action coordonnée des acteurs publics et privés au niveau national, européen et multilatéral."

 

Plus précisément, il s’agit de :

 

Renforcer les capacités des organisations de producteurs et de travailleurs.

Améliorer la transparence sur les coûts dans les filières agricoles.

Renouveler le droit européen de la concurrence en s'attaquant autant aux abus de pouvoir des vendeurs qu'à ceux des acheteurs (neutralité).

Mettre en place des mécanismes coercitifs contre les pratiques commerciales déloyales.

Promouvoir les principes et pratiques du commerce équitable dans les filières agricoles.

 

A ceux qui objecteraient que ces objectifs seraient utopiques, rappelons qu'en participant au Commerce Équitable, nous prouvons depuis des dizaines d'années qu'il est possible d'organiser des filières plus justes avec des produits de qualité et une production plus respectueuse de l'environnement. Si les prix des produits qui en sont issus sont aujourd'hui plus chers que la moyenne, c'est principalement dû à un faible volume de vente et à un manque d'économie d'échelle. Ce que nous pouvons faire est donc de travailler à un changement d'échelle du Commerce Équitable sans abaisser son niveau d'exigence et intégrer ses principes aux règles du commerce international au lieu de le libéraliser à outrance..

 

Retrouvez l'étude et sa synthèse ci-dessous :

-        La synthèse

-        Le rapport complet

 

Sitographie :

PFCE : www.commercequitable.org

FTAO : www.fairtrade-advocacy.org

BASIC : lebasic.com

Année internationale de l'agriculture familiale : www.fao.org/family-farming-2014/fr

 

 

 

 

19 décembre 2014
Tanguy MARTIN
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