La solidarité internationale en temps de pandémie

La plupart des associations de solidarité internationale ont dû changer le cours de leurs activités depuis mars dernier, suite aux limitations de déplacement généralisées. En voici un tour d’horizon.
Interview de Christophe Oudelin, de l'association Altternatiba Marseille
Projet GAIAA, d'ISF Grenoble

Beaucoup d’équipes ont annulé leurs projets avec départ à l’étranger à l'été 2020. Particulièrement pour les structures de jeunes, devant concilier les contraintes sanitaires et temporelles des partenaires, des gouvernements et des écoles. C’est le cas également à ISF, à la Maison du monde et des citoyens, au Resia (1) , et c’est ce que préconise Engagé⋅es et Déterminé⋅es pour la Solidarité (2) . Cette dernière conseille, entre autres, sur la gestion des financements en cas de report ou annulation et a allongé la période de candidature à son propre dispositif de financement, le « PIEDD ».
À ISF Grenoble, deux projets de césure ont néanmoins été maintenus mais les itinéraires ont été revus et écourtés ; et, surtout, les étudiant⋅es ont pu modifier leurs objectifs pour se concentrer notamment sur la récolte de données et la valorisation en France.

C’est le cas notamment d’Adèle et Manon, du projet GAIAA, qui ont pu poursuivre les interviews de collectifs sensibilisant au réchauffement climatique en France, faute de parcourir le continent américain. Changer d’échelle pour interroger les failles de son environnement proche, c’est une alternative que certain·es ont suivi. Cet aspect est parfois négligé dans les projets impliquant un séjour à l’international, peut-être parce qu’on tend à se focaliser sur les problèmes des autres en prétendant les résoudre.

Mais avant cela, il est nécessaire de les comprendre et les mettre en perspective avec les siens. Dans le cadre du projet «Jeunes des Deux Rives » (J2R), le projet de l’association Cool’eurs du Monde favorise un tel échange de témoignages entre jeunes de France, Maroc, Algérie et Tunisie via la création de vidéos sur leurs vécus de la crise. Une autre association, l’ADESAF (3) cherche également à créer des supports pédagogiques pour les futur·es partant·es, à partir du recueil d’expériences et de portraits de partenaires internationaux.

Garder de la motivation, de la créativité. Encore faut-il maintenir les liens inter et intra-associatifs, ces liens qui nous inspirent ! Comme les entreprises et les familles qui en ont les moyens, les associations continuent à communiquer, à distance. Mais l’interactivité et l’enthousiasme ne peuvent perdurer sans revisiter nos outils de télécommunication : plusieurs associations, y compris ISF, organisent leurs événements et formations en ligne, décidées à proposer des supports pédagogiques variés et attractifs : podcasts, projections-débats en ligne ainsi que d’autres adaptations d’outils d’éducation populaire (4).

De nombreuses organisations se sont donc recentrées sur leurs problématiques nationales et la recherche d'interconnaissance, ce qui ne peut être que bénéfique pour leurs actions futures. Malgré ces adaptations réussies, la création et le maintien des liens reposent d'autant plus sur les outils informatiques. Cela accentue encore l'enjeu de l'accès au numérique, limité pour certain·es acteur·rices partout dans le monde et à un numérique idéalement libre et décentralisé.


Quand bien même cet accès serait garanti, le numérique permet-il de remplacer, à long terme, le lien social que chacun·e vient aussi chercher dans son engagement associatif ?

(1) https://www.ritimo.org/Jeunes-et-associations-face-au-covid-19-temoignages
(2) https://www.engagees-determinees.org/articles/communiquecovid19
(3) https://www.adesaf.fr/portfolio-view/sensibilisation- education-a-la-solidarite-internationale-en-cours
(4) https://www.festivaldessolidarites.org/articles/idees-compatibles-confinement-16870

 

22 janvier 2021
Elisa Pheng, bénévole de l'équipe Partenariats internationaux
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