Poursuivre son engagement après l'école d'ingénieurs, quelques idées ?

Cette année et pour la première fois, la fédération d’Ingénieurs sans frontières organisait un week-end « poursuivre son engagement après l'école d'ingénieurs » destiné aux membres d'ISF en deuxième et troisième année (bac+4 et bac+5). Retour sur cette journée avec 5 témoignages de participant·es.
Echanges entre futur·es ingénieur·es et ancien·es membres d'ISF.
Victor Lafon

Cette année et pour la première fois, la fédération d’Ingénieurs sans frontières organisait un week-end « poursuivre son engagement après l'école d'ingénieurs » destiné aux membres d'ISF en 2A et 3A. Malgré une faible participation, le samedi après-midi fut ensoleillé et très riche en témoignages et en échanges entre futur.e.s ingénieur.e.s et anciens membres d'ISF.

Retrouvez ici quelques extraits des 5 témoignages de la journée. Si ces extraits vous ont intéressé, n’hésitez pas à venir à la formation de l’été 2019.

 

Un engagement qui se forge en école d'ingénieurs et pendant la formation

 

« Dès la fin de première année il y avait des choix de spécialité, la mines m'intéressait déjà mais me questionnait et j'ai profité de mon engagement à ISF pour rencontrer beaucoup d'acteurs qui abordaient la question différemment. »

Thibaud Saint-Aubin, membre d’ISF Nancy, puis président de la fédération ISF France. Il a travaillé quelques années dans un bureau d’étude sur des projets miniers, puis a rejoint l’association France Nature Environnement sur un poste lié à l’animation de la vie fédérative.

 

« Dès mes études je voulais travailler vers l’international, pour ce que l’on pourrait appeler « l’intérêt général » ou les « grands problèmes de société ». J’ai choisi une école centrée sur les problèmes d’eau et d’environnement. Je dis toujours que je fais le même métier dans mon entreprise que les associations de Solidarité Internationale et de développement qui se professionnalisent ».

Jérôme Costanzo, membre d’ISF Toulouse, puis membre du bureau d’ISF France. Il travaille depuis de nombreuses années pour un bureau d’étude sur des projets à l’international (eau, urbanisme, environnement, etc.).

 

« Avec du recul j’ai l’impression d’avoir été seriné et lobotomisé pendant mon école d’ingénieurs sur la nécessité de faire son parcours professionnel, de faire ces jalons à 20 ans, etc. Je trouve que c’est une bêtise, car on ne peut pas prévoir son parcours professionnel et nos envies changes avec le temps… »

Christophe Alliot, membre d’ISF Paris, puis président de la fédération ISF France. Il a travaillé sur des projets informatiques avant de rejoindre le label de Commerce Équitable Max Haavelar, en charge des relations avec les producteurs. Il a ensuite fondé un bureau d’étude.

 

Questionner sa pratique et son parcours professionnel en permanence

 

« Je ne suis pas antimilitariste […] mais je ne me voyais pas construire des missiles nucléaires, je ne voulais pas, je n’ai jamais postulé et je me suis « contenté du reste ». […]

J’ai commencé dans une entreprise informatique qui faisait des logiciels pour gérer du crédit. Je me suis vite posé des questions. Même si il n'y a pas que du mauvais dans le crédit, à la fin je travaillais pour des crédits à la consommation et même des crédits revolving, ça commençait à me gêner. Mais l’équipe et les gens étaient tellement sympa que c’était dur de prendre la décision [de partir] et curieusement parmi les gens avec qui je travaillais il y en avaient beaucoups qui partageaient mes idées.

Quand je projet s’est arrêté (pour être poursuivi en Inde [...]) j’ai dit à mes RH que je voulais arrêter le crédit et bosser pour de l’industrie ou du service public. Ils m’ont proposé le milieu médical et depuis je suis resté dans ce domaine par choix. »

Fabien Duchaussois, membre d’ISF Toulouse puis membre du bureau d’ISF France. Il est encore aujourd’hui membre de l’équipe Sysinfo qui s’occupe de tous les outils informatiques de la fédération.

 

« Sur les conditions de travaille des mecs sur les chantiers, en Arabie Saoudite notamment. [...] Il y avait des injonctions contradictoires entre la sécurité, les moyens alloués et le temps laissé. J’étais « le cul entre 2 chaises » entre le donneur d’ordre et le client final. Ce fut un gros déclencheur pour mon départ. De manière générale j’ai plutôt évité les mauvaises situations et ça explique aussi pourquoi je ne progressais pas trop dans l’entreprise... […] 

Je travaille maintenant dans l’association France Nature Environnement (FNE). J’ai pu améliorer ma façon de travailler, avant je faisais des présentations d’une demi journée avec 200 ou 300 slides, ça n’avait vraiment aucun de sens. Maintenant j’ai plus de liberté, je suis plus écouté et je peux utiliser des méthodes plus efficaces notamment pour inclure les participants, etc. » Thibaud Saint-Aubin

 

« Au bout de 6 ans, je suis partie du commerce équitable pour créer une organisation avec un ancien collège, nous voulions travailler sur les modes de production et de consommation et continuer d’informer et de montrer leurs impacts sociétaux. Il n’y avait plus du tout l’envie de défendre un label, je continue de soutenir le principe de labellisation du Commerce Équitable mais je connais aussi ses limites et je ne souhaite plus travailler sur un label en particulier. 

On ne voulait plus être dépendant d’une autre organisation, qui impose des compromis, des discussions et une perte de temps. Nous avions envie d’avoir notre propre organisation, même si c’est plus difficile et plus fragile. On a fondé une sorte de bureau d’étude coopératif : le BASIC, Bureau d’Analyse Sociétal pour une Information Citoyenne. On travaille beaucoup avec la société civile, un peu avec les pouvoirs publiques. [...]

On a travaillé sur des filières agricoles comme la Banane ou le Cacao, sur le lait en France. Dernièrement nous avons ré-actualisé un rapport sur Nike et Adidas à l’heure de la coupe du monde de foot, qui pointe la répartition des bénéfices de ces entreprises vers les actionnaires et pas les travailleuses en situation précaire [...] » Christophe Alliot

 

28 novembre 2018
Victor Lafon
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