Le libre, une opportunité d’innovation pour le Sud

Introduction à la philosophie du libre
Illustration FabLab
FabLab

Voici une fable couramment rappelée par les acteurs du libre. Suite à un repas plaisant, vous souhaitez refaire le même plat chez vous. Vous demandez simplement à votre ami ou au serveur la recette, mais on vous répond alors : « non, désolé, c’est couvert par la propriété intellectuelle » ou alors « vous n’êtes pas autorisé à la modifier, juste à la consommer une fois terminée ».  Quelle n’est pas votre frustration ! Vous vous demandez même comment de nouvelles recettes pourraient voir le jour sans aucun partage…  Et bien c’est ainsi que fonctionne aujourd’hui la plus grande part de l’industrie informatique, vous vendant des logiciels « compilés » (c’est-à-dire « tout cuits ») mais ne vous autorisant pas à aller voir le code source (la recette du logiciel). En opposition à ce système, le mouvement du logiciel libre a défini des libertés fondamentales qui doivent êtres garanties à l’utilisateur du logiciel : exécuter le programme pour tous les usages, étudier le fonctionnement du programme, redistribuer des copies, améliorer le programme et publier ses améliorations. Ce manifeste a depuis été repris et adapté dans nombre de domaines différents de l’informatique tels que la musique (Jamendo), la littérature (In Libro Veritas), le savoir (Wikipédia), l’éducation (Open University), la cartographie (OpenStreetMap), etc.

Si l’on se réfère à la définition du développement durable comme croisement des sphères sociale, économique et environnementale – selon les notions de viable, vivable et équitable – il est intéressant de voir de quelle façon la philosophie du libre tend à être durable. En prônant une distribution décentralisée, elle bride la confiscation de la rémunération. Elle pousse également à réparer et réadapter ses outils plutôt les jeter. Elle encourage enfin la coopération et la responsabilisation de tous.

Des outils libres pour le développement

Une idée originale est née à la fin des années 90 au MIT de Boston : le programme Fab lab (fabrication laboratory). Il consiste en la mise en place d’ateliers composés de machines-outils pilotées par ordinateur, pouvant fabriquer des biens de natures très diverses (vêtements, livres, pièces mécaniques, etc.). Celles-ci sont détenues par une association et destinées à tous : entrepreneurs, étudiants, artistes, etc. Grâce à des interfaces informatiques simplifiées et surtout un partage en réseau de connaissances techniques libres, des usagers non-spécialistes peuvent prendre facilement le contrôle des outils – procédant ainsi à la réappropriation des technologies par les utilisateurs.

Le groupe ISF Provence a actuellement le projet d’implanter un Fab lab à Marseille, permettant d’une part de développer l’initiative technologique personnelle au Nord, et d’autre part de proposer une aide technique à moindre coût à des projets solidaires au Sud. Le projet a également pour ambition de soutenir la création de Fab labs dans les pays du Sud, permettant aux populations de répondre elles-mêmes à certains besoins techniques, pour une plus grande autonomie par rapport au Nord.

Il y a un véritable impératif de développement à rendre les connaissances libres et à dépasser le système dominant de la propriété intellectuelle, qui trop souvent protège exagérément les grandes entreprises, aux dépens des utilisateurs et de la société en général..
 

13 janvier 2012
Étienne Deparis, coordination nationale, et Tristan Romand, ISF Provence
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Groupe ISF