Journées nationales : Choix technologiques au Sud, quel rôle pour les acteurs locaux?

L'époque actuelle est caractérisée par une intensification de l'innovation technologique parallèle à une une prise de conscience environnementale. Cette course à l'innovation technologique touche de plus en plus au domaine de l'invisible et de l'immatériel (nanotechnologies, biologies synthétiques...) et risque de changer le rapport de l'homme à la nature. Or, les techniques concernées se complexifiant, elles deviennent difficile à appréhender par les sociétés civiles. Elles ont pourtant un impact direct sur des questions sociales, économiques et culturelles majeures. Les ingénieurs et les chercheurs endossent de ce fait une responsabilité importante et difficile.
Affiche
ISF Orléans

Au niveau local, national et international, les espaces de veille se multiplient sous l'impulsion des citoyens, des pouvoirs publics voir des entreprises privés. Ils diffusent leurs échanges et informations au grand public. Ce sont les GIEC, Grenelle de l'environnement, Nano-forum, etc. Ces processus de concertation ont cependant plus souvent des objectifs de consultation et d'information pour cautionner ou rejeter des choix technologiques que des véritables objectifs de négociation ou de co-construction.

A l'échelle mondiale, la négociation de la pertinence des choix technologiques se complexifie. En effet, la gouvernance mondiale pilotée par les pays du Nord et les pays émergents impose les mêmes politiques contraignantes pour tout le monde. Des orientations techniques deviennent ainsi universelles sans prendre en compte la diversité des contextes. Cette situation a des conséquences importantes pour les orientations des modèles et outils de développement des pays du Sud. La technologie n'est en effet pas neutre. Si certaines technologies peuvent servir au développement de pays du Sud, d'autres ne sont pas adaptées et ne le seront peut-être jamais. Il est important que les pays du Sud soient en capacité d'opérer leurs propres choix face aux opportunités technologiques qui leurs sont proposées - au regard des enjeux économiques, sociaux et environnementaux qui y sont liés. Il est aussi souhaitable qu'il existe dans les pays du Sud une capacité d'innovation pour le développement de techniques, de savoir-faire qui leurs soient propres.

Cette problématique de la gouvernance de l'innovation technologique dans les pays en développement (PED) se pose dans un double contexte :

• L'émergence progressive (mais néanmoins difficile) dans les pays du Sud d'acteurs locaux, de nouveaux lieux de décision, de concertation sous l'impulsion des démarches de décentralisation en cours dans certains pays, de l'émergence et renforcement de la société civile et de leaders associatifs, du développement de petites et moyennes entreprises. Cette évolution est parfois accompagnée par les acteurs de le solidarité internationale qui promeuvent un processus de développement où les acteur locaux doivent être au cœur des actions de développement, de la définition des politiques publiques, et de l'émergence d'une économie.

• Un regain d'intérêt des états et des entreprises multinationales pour les pays en développement (et notamment de l'Afrique) qui leurs offrent de nouveaux marchés, espaces et richesses exploitables. Ces entreprises sont les principaux acteurs qui innovent et possèdent les technologies. Dans ce cadre, les PED apparaissent comme des zones d'expérimentation et d'implantation d'innovations technologiques importantes.

Les transferts de technologie Sud-Sud ou Nord-Sud restent faibles au regard de ceux effectués entre les pays du Nord. Cependant, la particularité des contextes de réalisation de ces échanges rend importante la question de la participation des acteurs locaux et de la gouvernance des choix technologiques dans les pays du Sud.

 

 

«Mettre en culture l'innovation» : la neutralité de la technique en question


L'innovation technologique, les choix techniques sont la plupart du temps analysés au regard d'une réponse apportée à un problème donné puis souvent dupliqués dans des contextes autres. Pourtant ces transferts de technologie ne sont pas sans risques. Ainsi, beaucoup d'experts pensaient que l'utilisation de technologies éprouvées du nord faciliterait au Sud le passage d'une société rurale à une société industrielle et parviendrait aux mêmes résultats dans des délais plus rapides. Ce n'est pas toujours le cas, et même parfois le contraire. La révolution verte a ainsi produit des résultats dramatiques sur la production alimentaire dans certains pays du Sud. Aujourd'hui, tout le monde voit dans les énergies renouvelables une solution pour l'accès à l'énergie des pays en développement. Pour quels impacts sociétaux, économiques, environnementaux ?

 

 

 

 

Conférence 1 : Choix technologiques et gouvernance locale dans les pays en développement : la place des acteurs locaux


Différents acteurs du nord (entreprises, collectivités, ONG, coopération bilatérale) interviennent dans les pays du sud pour proposer des solutions techniques que ce soit à des fins commerciales ou de solidarité internationale. Les conditions de ces transferts de technologies sont cependant différentes si cela se fait dans un pays émergent et dans un pays en développement. Dans les premiers, il existe une capacité d'innovation et d'investissement, et l'objectif recherché peut être de déployer à grande échelle certaines technologies. Dans les seconds, il est important que les transferts de technologie répondent aux besoins des populations locales et notamment des populations les plus vulnérables. La collaboration avec les acteurs locaux est alors encore plus indispensable. Comment cela se passe-t-il d'autant plus que ces derniers n'ont pas toujours les cartes en mains ou les compétences pour se positionner ? Quelles marges de décision possibles s'offrent à eux ? Le sud a-t-il avoir son mot à dire sur des choix technologiques impactant son environnement, son mode de développement ?

 

 

 

 

Conférence 2 : «Construire une capacité de recherche pour faciliter l'innovation technologique dans les PED»


Dans les pays du sud les structures de recherches - développement sont peu nombreuses et disposent de peu de moyens. Pourtant, de grands organismes publiques nationaux du nord (IRD, CRDI) s'emploient à développer le secteur de la recherche dans les pays en développement. D'autres acteurs, privilégient l'innovation technologique à travers des démarches de recherche-action en mobilisant les savoir-faire locaux et les connaissances des citoyens. La fuite des cerveaux dans les pays du nord complexifie la situation. Comment faciliter l'émergence de nouvelles technologies du sud dans ce contexte ? Quelle place de la recherche pour cela ? Comment associer les acteurs locaux dans ces processus ?

 

 

 

 

Ateliers d'échanges et de réflexion


Atelier 1 : Technologies appropriées : l'adaptation des techniques de construction au Sud

Atelier 2 : Quelle énergie solaire pour les pays du sud ? : analyse critique de quelques expériences»

Atelier 3 : Les technologies «ouvertes» ou «libres» : un vecteur de nouvelles solutions et collaborations pour faciliter l'innovation ascendante au Sud ?

 

 

9 février 2011
Equipe JN
Fichier attaché 
Thématique 
Groupe ISF